Association de la guerre électronique de l’armée de terre
Affaire Edward SNOWDEN : un non-évènement ? Ou plutôt si ! Avec la mise en évidence d’une révolution conceptuelle et doctrinale pour des opérations électroniques
10 juillet 2013.
Les révélations E. SNOWDEN : un non évènement !
Edward SNOWDEN, qui a travaillé au profit de la NSA (National Security Agency), a fait des révélations sur les agissements de l’Agence qui ont été relayées par plusieurs médias dans le monde, déclenchant, notamment dans les pays européens, surprise et indignation.
Ses révélations portent sur PRISM, programme de surveillance électronique qui collecterait des données sur Internet relatives aux mails, aux communications téléphoniques, aux forums de discussion, aux photos, vidéos, etc. et qui s’appuierait également sur des accès auprès de fournisseurs de services électroniques américains (Microsoft, Google, Yahoo !, Facebook, YouTube, Skype, AOL, Apple etc.).
Lors des premières révélations, les autorités américaines ont déclaré que cela était en lien avec la lutte anti-terroriste.
Face à cette déclaration, d’autres révélations ont été faites mentionnant l’espionnage de structures, notamment diplomatiques, de l’Union Européenne et de certains pays alliés des Etats-Unis.
Ces nouvelles révélations ont engendré moult commentaires offusqués. Mais en parodiant ce qui pouvait être dit jadis au moment de la guerre froide (A l’Est, rien de nouveau) : à l’Ouest, rien de nouveau non plus !
Au-delà du (des) scoop(s) journalistique(s) et des réactions politiques qui ont suivies, cette affaire met en exergue plusieurs aspects déjà connus :
le fait d’espionner, même ses partenaires ou alliés, n’est pas une nouveauté de la part des agences américaines de renseignement (NSA ou CIA) ;
la collusion de ces agences avec des fournisseurs de services électroniques américains qui semble avérée n’est pas non plus une nouveauté en tant que telle ;
Aussi, sans en minimiser l’importance et la portée au plan politique, peut-on considérer sur le fond cette affaire E. SNOWDEN comme un non-évènement tel qu’il est rapporté et apprécié, voire appréhendé. E.SNOWDEN n’est ni le premier, ni le dernier, à révéler des secrets d’état.
La vraie affaire est la mise en évidence d’une révolution conceptuelle et doctrinale
Seul le mode opératoire utilisé constitue le véritable évènement. La nature de la captation des données touche un domaine où la frontière entre renseignement d’origine électromagnétique et renseignement d’origine informatique est de plus en plus ténue.
En effet, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis ont mis en place une organisation globale visant à recueillir du renseignement grâce à des interceptions (comme Echelon). Ce renseignement touche non seulement les aspects politiques et militaires, mais aussi économiques, scientifiques et culturels.
Après plusieurs évolutions de ces structures et la mise en synergie des moyens de la NSA et de la CIA, le Special Collection Service est créé en 1978. Ce service est spécialisé dans la collecte de renseignement d’origine électromagnétique de manière clandestine. Il s’appuierait en particulier sur des petits postes d’écoutes intégrés dans les représentations diplomatiques des Etats-Unis et installerait clandestinement des équipements d’interception dans les lieux d’intérêt majeur, même difficile d’accès.
Avec l’avènement de l’informatique, le cyber espace est devenue une cible d’importance pour ce service, tant dans son volet renseignement que dans son volet agression et contre-agression (ou cyber défense).
La nature des données visées et les méthodes de captation font que les domaines électromagnétique (incluant les lasers, les fibres optiques) et informatique sont étroitement imbriqués, complémentaires et interdépendants.
La synergie entre les deux domaines électromagnétique et informatique met en évidence une approche conceptuelle globale et une véritable doctrine d’emploi pour mener des opérations électroniques visant aussi bien le recueil de renseignements que l’agression de systèmes d’information et de communication (et sous-entendu de détection).
En conclusion
Au vu des évolutions technologiques en cours et à venir, il apparaît comme évident que ce type d’investigations continuera à être de mise et à se développer, certes aux Etats-Unis, mais certainement ailleurs également.
Si ce n’est la guerre, l’affrontement dans l’espace électronique est devenu une réalité quels que soient l’assaillant et la cible.
La maîtrise de l’espace électronique devient un impératif.
En 2003, le Général SIFFRE notait dans son livre sur la guerre électronique : « Maître des ondes, maître du monde ».
Aujourd’hui ne peut-on qu’écrire : « Maître de l’électron, maître du monde ».
Le Président J-M. D