Association de la guerre électronique de l’armée de terre
Les écoutes secrètes françaises pendant la Première Guerre Mondiale (II)
30 août 2013.
Journée du 30 août 1914
L’intention de JOFFRE de rétablir son dispositif de la Somme à Verdun s’évanouit face à la poussée des armées allemandes. Au vu de la situation, notamment de la 5° armée aux flancs menacés et de la 6° armée en cours de regroupement dans la région sud-est d’Amiens, et fort des éléments issus des interceptions du 29 août, on comprend mieux pourquoi le Généralissime ordonne, le 30 août, le repli général en direction de la Seine.
Les ordres fixent à chacune des armées leur zone de destination :
- La 6° armée couvrira le camp retranché de Paris avec, à l’ouest, le Corps de cavalerie du Général SORDET.
- Le CEB derrière la Marne en aval de Meaux.
- La 5° armée, la plus avancée, en direction de Laon, Soissons, Château-Thierry et la Seine.
- Le détachement du général FOCH (future 9° armée), sur Château-Porcien, Epernay, Vertus, Fère-Champenoise et Aube.
- La 4° armée Attigny, Valmy, Heiltz-le-Maurupt et l’Ornain.
- La 3° armée face au nord-est de Verdun, en liant sa gauche à la 4° armée, par Maufaucon-en-Argonne, Dombasles-en Argonne, Vaubécourt et région de Bar-le-Duc.
- Un Corps de Cavalerie entre les 3° et 4° armées massé entre Ramerupt et Vitry-le-François.
- Le groupement de divisions de réserve d’Amade sur la basse Seine dans la région de Rouen.
Ce repli visait à :
- durer sans exposer les armées en campagne à la destruction de façon à attendre le moment favorable de reprendre le mouvement en avant,
- profiter de toute occasion pour infliger des pertes à l’ennemi et maintenir le moral des troupes,
- enfin, orienter la marche des armées en vue d’un dispositif permettant, à tout instant, de reprendre l’offensive.
Pour les Anglais en pleine retraite, pour ne pas dire déroute compte tenu du délai de dix jours annoncé par FRENCH avant de reprendre part au combat, il fut convenu qu’ils contournent Paris par l’est pour se rétablir, via le sud de la capitale, sur la basse Seine dans la région de Mantes-la-Jolie, Poissy, Saint-Germain-en-Laye.
Mais à 18h27, est intercepté un télégramme de la I° armée adressé à la II° armée :
« passerai l’Oise demain dans le secteur de Compiègne – Chauny » .
Et la I° armée de préciser à son corps de cavalerie (le 2°) son axe de progression par rapport à celui de la II° armée (1° corps de cavalerie) :
« 2° corps de cavalerie demain direction Compiègne. 1° corps de cavalerie Noyon. Ordre suit » .
Cet ordre met en lumière une action coordonnée entre les deux corps de cavalerie sous les ordres de Von KLUCK en vue de couper la route à la 5° armée de LANREZAC.
Afin d’éclairer l’action du 2° corps de cavalerie, Von KLUCK lui adresse son intention concernant l’aile droite de son armée et des renseignements sur l’ennemi :
« Aile droite poursuit, échelonnée direction Compiègne et vers le sud, ennemi en retraite de l’Oise en direction du sud, sud-est » .
Les ordres complémentaires qui seront donnés dans la nuit par Von KLUCK confirmeront l’inflexion de la marche de son armée en direction du sud-est avec Compiègne comme pivot.
A suivre demain...
J-M D