Association de la guerre électronique de l’armée de terre
Les écoutes secrètes françaises pendant la Première Guerre Mondiale (III)
31 août 2013.
Journée du 31 août 1914
En ce tout début de journée, une interception du poste d’écoute de Belfort annonce la victoire des troupes allemandes sur les Russes à Tannenberg. Coup dur pour le Généralissime qui compte sur les Russes pour diminuer la pression des forces allemandes en Occident.
Malgré cette victoire, l’armée russe continue de préoccuper MOLTKE, car un renseignement arrive au GQG de JOFFRE sur le mouvement de 32 trains, soit deux corps d’armée, de la Belgique vers le front oriental, via Berlin. Autant de troupes qui ne déferleront pas sur le front occidental.
A 00 h 11, Von KLUCK communique à la II° armée les éléments suivants, en vue de franchir l’Oise : « I° armée le 31 avec 3° corps d’armée par Ribécourt – Noyon en coordination avec 9° corps d’armée par Quierzy. « Aile droite poursuit, échelonnée direction Compiègne et vers le sud, ennemi en retraite de l’Oise en direction du sud, sud-est ». « 2° corps de cavalerie en amont de Compiègne en coordination avec 3° corps d’armée au-delà de l’Oise direction Soissons. 1° corps de cavalerie est invité par Noyon à contribuer sur les intentions de retraite de l’ennemi » .
Le même jour à 10 h 40, le 2° corps de cavalerie adresse à la I° armée son compte rendu du franchissement de l’Oise :
« 1° corps de cavalerie par Ribécourt vers Nampcel, 2° par Theurotte et Montmacq vers Soissons » .
Face à cette menace de flanc sur ses arrières, LANREZAC dépêche une brigade d’Afrique au sud de la Lette. Cette couverture s’avèrera particulièrement utile en début de soirée.
En milieu d’après-midi, à 15 h 00, le 2° corps de cavalerie envoie un télégramme à la I° armée : « Suis à Offrémont. Liaison avec la 6° division de cavalerie, un compte rendu d’aviateur signale ennemi près de Villers-Cotterêts. Est-ce exact ? ...signé MARWITZ » .
Réponse dans la foulée de la I° armée : « Aviateur signale par Soissons longue colonne de cavalerie vers le sud, possible française. Ouest I° corps de cavalerie de Vic-sur-Aisne vers le sud cavalerie, possible anglaise » .
A 16h42, Von MARWITZ rend compte de son intention pour la nuit : « 2° corps de cavalerie marche de nuit à travers forêt de Compiègne sur 3 colonnes vers Nanteuil-le-Haudoin » .
Dans la soirée, 22 h 25, Von KLUCK informe Von BÜLOW de sa progression : « I° corps de cavalerie sera laissé en direction de Soissons. 2° corps de cavalerie marche en direction de Villers-Cotterêts. Le 3° corps d’armée atteint aujourd’hui région de Vic-sur-Aisne » .
Il indique également que le 1° corps de cavalerie est rendu à la II° armée qui est plus en arrière dans la région de la Fère - Laon.
Cette journée du 31 août marque la fin des opérations « préliminaires » à la bataille de la Marne. Depuis le 20 août, et le début de la bataille de Charleroi le 21, les armées allemandes sont restées au contact des armées franco-britanniques qui battent en retraite.
Le changement de direction vers le sud-est de la I° armée de Von KLUCK, dans la région de Compiègne au nord de Paris, va avoir des conséquences stratégiques déterminantes pour la suite des opérations et de la guerre.
Tout d’abord, c’en est fini du plan SCHLIEFFEN et de la prise à revers des armées françaises après avoir contourné Paris.
Ensuite, il va permettre à JOFFRE et au GQG de limiter les moyens de couverture à l’ouest et au nord-ouest de la capitale.
De ce fait, la VI° armée du général MAUNOURY qui s’est replié de la région d’Amiens, sera entièrement dévolue à assurer la défense des abords nord et est de Paris et renforcer la gauche du front d’où partira l’offensive entre Paris et Verdun dans le cadre de la manœuvre imaginée par JOFFRE suite à sa décision du repli général en direction de la Seine et de l’Aube.
Chaque camp met en place les forces qui s’affronteront lors d’opérations qui prendront le nom de « bataille de la Marne » : les Allemands en poussant leur progression en direction de la Seine jusqu’au sud du Grand Morin et les Franco-Britanniques en regroupant leurs unités sur la Seine et l’Aube et au nord-est et à l’est de Paris.
Au vu de cette nouvelle situation, les écoutes françaises sauront, là encore, alimenter le 2° bureau du GQG en renseignements de la plus haute importance qui contribueront à remporter la victoire de la Marne.
A suivre demain ...
J-M D