Association de la guerre électronique de l’armée de terre
Le suivi de la bataille de la Marne par les écoutes secrètes françaises - journée du 12 septembre 1914
12 septembre 2013.
En fin de journée du 11 septembre, les forces alliées talonnent la retraite des troupes allemandes, notamment sur leur aile droite (I° et II° armées).
Mettant à profit l’obscurité, les éléments de reconnaissance français s’infiltrent dans le dispositif de couverture du 1° CC comme l’indique un télégramme adressé à la II° armée :
« Cyclistes en face de Braine. La cavalerie ennemie était dans l’après-midi (du 11) au Sud-Ouest de Fismes ».
Et d’alerter sur la nécessité de rompre le contact face à l’avancée ennemie :
« Serons bientôt forcés de rompre contact, car sommes sur la ligne de combat ».
A l’aube, la 2° DC rend compte à la I° armée du recueil de la DC de la Garde :
« Recueil DC Garde ferme de Folemprise (4 kms Nord-est de Vailly). Pont de Chavonne sauté (sur l’Aisne) ».
En fin de matinée et jusqu’en fin d’après-midi, Von KLUCK rend compte à Von BÜLOW de l’attaque à laquelle il doit faire face. Alors s’engage un dialogue stérile, chacun ne prenant en compte que sa propre situation :
I° armée à II° armée : « 17 DI (9° CA) engagée dans violent combat d’artillerie vers ferme Bascule et ferme Morenval (Ouest Moulin-sous-Touvent) »
« Ponts de l’Aisne à Choisy-au-Bac, le Franc-Port et Rethondes ont été détruits »
II° armée à I° armée : « 1° armée doit détacher dès aujourd’hui la plus grande partie possible de ses forces contre les derrières de l’ennemi dans la direction de Saint-Thierry (Nord-Est Reims) pendant que le reste de l’armée couvrira le flanc droit du mouvement ».
Et la I° armée de répondre en demandant de prendre à témoin le Commandement Suprême :
« 1° armée est attaquée sur tout son front par des forces importantes françaises et anglaises. Pouvez-vous faire part au CDT Suprême ? »
En début de soirée, visiblement lassé, Von KLUCK répond négativement à la demande de Von BÜLOW :
« 1° armée vigoureusement attaquée sur la ligne Attichy-Soissons. Forces ennemies importantes ont débouché fin de matinée au Nord-Est de Braine et de Fismes. Certainement demain bataille au nord de l’Aisne sur le front Attichy-Condé. Impossible pousser vers Saint-Thierry »
On peut constater, qu’une fois de plus Von BÜLOW demande de l’aide, alors qu’il a concentré l’essentiel de ses troupes au sud et sud-est de Reims, craignant une attaque imminente sur son aile gauche et la III° armée (cf. ordre du 11 après-midi de MOLTKE prescrivant un nouveau repli après l’alerte de la II° armée). Cette attaque majeure redoutée n’aura pas lieu à court terme.
Peu utile pour la défense de l’Aisne, Von KLUCK envoie en début de nuit la 4° DC sur ses arrières et plus particulièrement face à l’Oise :
« Vous porter sur Nampcel (Nord Vic-sur-Aisne) exploration sur l’Oise »
Interpellé dans la matinée par la IV° armée, le Commandement Suprême adresse à chacune des armées leurs limites orientales respectives afin de faciliter les mouvements dus à la retraite :
De la IV° armée : « Saxons encombrent toujours la route Courtisols, Suippes, Attigny ce qui cause retards considérables ».
La réponse en fin de journée du Commandement Suprême :
« Zones de marches pour les armées : pour 2° armée route la plus orientale Nauroy, Juniville, Menil, Ambly, Amagne. Pour la 3° armée route plus à l’Est Jonchery, Souain, Est de Sommepy, Semide, Sainte-Marie, Vouziers, Terron, les Alleux. Pour 4° armée, route plus à l’Est Chaudefontaine, Ville-sur-Tourbe, Servon, Condé, Autry, Lançon, Senuc, Grandpré, Thénorgues. 5° armée à l’est. »
Côté alliés, sur la gauche, l’intention de JOFFRE est de préparer le débordement par l’ouest. Aussi demande-t-il à la 6° armée de laisser un fort détachement auprès des Anglais pour s’occuper du front sur l’Aisne tout en s’engageant à l’ouest pour faire remonter le long de l’Oise des forces en mesure de couper les communications de l’aile droite allemande. Le 13° CA, récemment venu renforcé la 6° armée, est tout désigné et le Corps de cavalerie du Général BRIDOUX, remplaçant du Général SORDET, tout à fait adapté à ce type de mission d’exploration. A charge des Anglais de faire l’effort face à la I° armée.
Au centre, la 5° armée doit pousser en direction et au-delà du Chemin des Dames afin de dégager largement Reims.
A droite, la 3° armée doit engager une poursuite énergique en cas de retraite des forces allemandes par les terrains laissés libres entre Argonne et Meuse en s’appuyant sur les Hauts-de-Meuse et la place de Verdun.
Nous verrons que les résultats obtenus ne furent pas à la hauteur des aspirations du Généralissime.
A suivre demain ...
J-M D