Association de la guerre électronique de l’armée de terre
La guerre d’Indochine ou la guerre "oubliée"
26 juillet 2014.
L’année 2014 marque le centenaire du début de la Grande Guerre, le 70e anniversaire du débarquement en Normandie et en Provence lançant la campagne de libération de la France, mais également le 60e anniversaire de la chute du camp retranché de Diên-Biên-Phu et des accords de Genève le 24 juillet 1954 mettant fin au conflit Indochinois dans lequel la France était engagée depuis 1946.
Les deux premiers évènements ont été largement médiatisés et ont impliqué les responsables politiques, on ne peut que s’en féliciter. La chute du camp retranché de Diên-Biên-Phu l’a été marginalement. Quant à la fin de la guerre avec la signature des accords de Genève, elle est passée dans les oubliettes de la mémoire collective.
Il est vrai qu’il est toujours difficile de commémorer une défaite ; il suffit de se rapporter à la guerre entre la Prusse et la France en 1870. Qui commémore la défaite de Sedan, si ce n’est les Troupes de Marine du fait de la résistance d’une poignée d’hommes à Bazeilles. Cette commémoration tient aux mêmes valeurs de sacrifice et d’honneur que celles mises en avant pour Diên-Biên-Phu par la Légion et les parachutistes.
Alors ces quelques lignes visent à entretenir le souvenir de cette guerre « oubliée » et la mémoire de nos soldats, et notamment ceux qui ont servi dans le renseignement.
- carte d’Indochine
Dans cette guerre, les services de renseignement ont été de tous les épisodes et ont tenu un rôle majeur, dans les succès comme dans les drames. Ils ont su s’adapter à un théâtre et à un ennemi qui n’avaient rien à voir avec ce qu’ils avaient pu connaître en Europe.
Si le renseignement humain était une source prolifique, le renseignement technique n’était pas en reste. Bien des drames furent limités, voire évités grâce au service de renseignement électronique, autrement dit les « écoutes » ; bien des succès en furent la conséquence. Le Service Technique de Recherche (STR), notamment par ses écoutes et ses capacités à briser les codes et chiffres du Viêt-minh, et le Groupe de Contrôle Radioélectrique (GCR), grâce à ces interceptions et ses localisations réalisées par la Compagnie Autonome d’Ecoute et de Radiogoniométrie (CAER), ont été des acteurs essentiels dans la fourniture du renseignement au niveau stratégique comme au niveau tactique.
- Positions des gonios et des centres d’écoute de la CAER
Dans l’ultime affrontement qui opposa, dans la cuvette de Diên-Biên-Phu, les troupes du général Giap à celles du général Navarre et du colonel de Castries, chef du camp retranché, le renseignement technique éclaira le commandement français sur les intentions du Viêt-minh, sur ses possibilités et sur la concentration de ses moyens autour de la cuvette. Fin décembre-début janvier, le général Navarre, alerté par les services de renseignement, sait que le général Giap va engager tous ses moyens dans cet affrontement qui se veut décisif pour le Viêt-minh au moment où les négociations sont en cours à Genève.
- Inspection du général Navarre lors de l’opération Castor (ECPAD)
- tranchée à Diên Biên Phu
- CBA Bigeard et COL Langlais après leur libération des camps "Viet" le 6/9/1954
Malheureusement, le manque de culture du renseignement et la sous-estimation chronique de l’adversaire par le commandement français furent le fossoyeur du Corps Expéditionnaire Français en Extrême-Orient (CEFOE) et, par-là, à l’origine de la fin de la présence française en Indochine.
N’oublions pas l’engagement et le sacrifice de ceux qui ont fait cette guerre, et pour ce qui nous concerne, plus particulièrement ceux de la CAER.
J-M D