Association de la guerre électronique de l’armée de terre
Hommage à Pierre HOFF
17 septembre 2015.
Voici plus d’un an que les initiatives visant à commémorer le souvenir du début du premier conflit mondial ont été lancées. Le 26 septembre 2015 à 14h00, c’est une convergence de faits exceptionnels qui réunira, lors d’une cérémonie, le Centre de Formation Initiale Militaire (CFIM) de la Brigade de renseignement (BR) et de la Brigade franco-allemande (BFA) avec près de 250 militaires, la famille de Pierre HOFF et l’Association de la Guerre Electronique de l’Armée de Terre (AGEAT). Cette cérémonie vise à perpétuer le souvenir de l’engagement et du sacrifice de nos grands anciens et à leur rendre l’hommage qui leur est dû.
Le premier de ces faits touche à l’évolution des moyens de communication utilisés par les belligérants. En effet, après une période de guerre de mouvement, le front français, en cette fin d’année 1914, se fige et entre dans une longue période de guerre de positions où les communications téléphoniques surpassent les liaisons radiotélégraphiques pour l’acheminement des ordres et des comptes rendus. Un professeur de sciences mobilisé en tant qu’officier de réserve est désigné fin 1914 comme chef de section des téléphonistes du 210e régiment d’infanterie stationné à ce moment-là dans la région de Saint-Mihiel ; il s’agit du sous-lieutenant DELAVIE. Par sa clairvoyance et son intuition, il met au point, voici plus d’un siècle,en mai 1915, un système capable d’intercepter les communications téléphoniques allemandes de première ligne à des fins de renseignements. Au vu des résultats obtenus, son invention est rapidement généralisée au sein du 8e corps d’armée auquel appartenait son régiment. Elle est étendue à toute l’armée française, et en tout premier lieu, au secteur de Verdun. Dès le mois de juillet les premiers postes d’écoute sont installés sur les Hauts de Meuse dominant la plaine de la Woëvre. Au début septembre, c’est le nord du secteur de Verdun qui voit ces installations se multiplier, notamment au bois des Caures où les célèbres Chasseurs du lieutenant-colonel DRIANT sont en ligne face à l’ennemi.
C’est à ce moment-là que le second fait intervient. Le destin réunit les Chasseurs de DRIANT et le soldat Pierre HOFF dit HOTTIER (car il a bénéficié d’une identité de protection en tant qu’ancien Mosellan). Pierre HOFF, originaire de la Lorraine annexée par les Allemands après la guerre de 1870, également professeur à Reims avant la guerre, est retenu pour sa connaissance de la langue allemande, non pour instruire, alors qu’il se porte volontaire pour enseigner aux jeunes enfants alsaciens des territoires libérés, mais pour écouter les conversations de l’ennemi.
Dès sa nomination comme interprète-écouteur, il rejoint, fin septembre 1915, le poste d’écoute du bois des Caures. Il partage le destin des Chasseurs en ne cessant de leur fournir de précieux renseignements jusqu’aux terribles journées des 21, 22 et 23 février 1916, lors de l’attaque allemande sur Verdun.
Afin de sauvegarder le secret de ce moyen de renseignement, son poste est replié avant l’instant fatidique. Il témoignera de ces heures apocalyptiques qu’il a vécues aux côtés de DRIANT et de ses Chasseurs.
Conscient de son devoir, il poursuivra son service dans différents postes d’écoute du champ de bataille de Verdun, jusqu’à ce 31 août 1916, où le devoir l’appelle à la cote 304. Les derniers mots qu’il écrit dans sa dernière lettre sont quasi prémonitoires : « Demain je remonte à la cote 304. Aurai-je du succès ? J’en doute. C’est un coin assez mauvais ». Le 3 septembre, il sera tué dans l’exécution de son service.
Le troisième fait consiste en la désignation de Pierre HOFF comme parrain des promotions des engagés volontaires initiaux du CFIM de la BR et de la BFA. La cérémonie comportera 2 moments forts. Tout d’abord, le baptême de la seconde promotion 2015 avec l’évocation du parcours de Pierre HOFF. Ensuite, le changement de plaque funéraire sur la tombe de Pierre HOFF qui a été inhumé en 1916 sous son nom d’alias : Pierre HOTTIER. La nouvelle plaque rétablit sa véritable identité et sa fonction d’interprète. L’ancienne plaque sera symboliquement remise à la famille.
JM D
- Tombe de Pierre HOFF avec la plaque à son nom d’alias
- Nouvelle plaque funéraire