Association de la guerre électronique de l’armée de terre
L’AGEAT à nouveau sollicitée pour son expertise
20 février 2018.
Voici quelques jours, nous vous informions de la diffusion de documentaire historique sur "MAD, une héroïne de l’ombre" pour lequel l’association avait été sollicitée pour reconstituer des scènes et du matériel d’un poste radio clandestin pendant la seconde guerre mondiale.
C’est encore sur cette période que l’association a de nouveau été contactée du fait de son expertise et de ses savoir-faire pour contribuer au tournage d’un autre documentaire historique relatant un épisode de la Résistance dans les PTT.
C’est un épisode de par trop méconnu que celui de « la source K ».
Tout commence en 1941. L’idée d’écouter les communications à grande distance des Allemands germe dans l’esprit du capitaine COMBEAUX, officier du génie spécialiste des transmissions, intégré dans l’administration des PTT après l’armistice, et en relation avec le Service de Renseignement militaire clandestin.
Mais la tâche paraît impossible, tant l’occupant a mis en place une surveillance pointue des centres téléphoniques (centraux, stations d’amplification, etc.). L’ingénieur SUEUR, travaillant avec COMBEAUX à la direction des recherches et du contrôle technique des PTT, lui indique qu’il connaît quelqu’un qui est certainement capable de réaliser cet exploit : Robert KELLER.
Engagé volontaire dans la Marine à l’âge de 17 ans lors de la Première Guerre Mondiale, Robert KELLER entre, la paix revenue, dans l’administration des PTT, comme agent mécanicien du service des lignes souterraines à grande distance (LSGD) et devient successivement ingénieur des travaux et chef du centre des dérangements à Paris.
Après avoir été mobilisé comme lieutenant de réserve au service LSGD militaire, de septembre 1939 à juin 1940, KELLER prend contact dès le début de l’année 1941 avec le groupe de résistance « Vengeance ».
En avril 1942, sous l’impulsion de COMBEAUX et de SUEUR, il réussit à organiser l’écoute clandestine du câble souterrain à grande distance Paris Metz qui trouve son prolongement par Sarrebruck pour rejoindre Berlin. En une nuit, une dérivation de 70 circuits internationaux est réalisée. Pendant 5 mois, ce système d’interception écoutera les plus hautes autorités du IIIe Reich, jusqu’à Hitler lui-même. Cette source de renseignement devient la « source K » (K pour KELLER).
Les renseignements obtenus d’une extrême importance sont transmis aux Alliés, en particulier à Intelligence Service. Les communications de la Wehrmacht, de la Luftwaffe, de la Kriegsmarine, de la Gestapo, du contrôle économique et, de manière plus générale, de tous les services allemands installés en France, n’ont plus de secrets.
En août 1942, après l’opération « Jubilée » sur Dieppe, toutes les réactions et enseignements tirés par les Allemands sur cette tentative de débarquement sont communiqués à Londres. Ces renseignements s’avèreront capitaux dans l’élaboration du plan d’invasion de l’Europe par les Alliés.
En septembre 1942, devant l’imminence d’un danger risquant d’entraîner la découverte de l’installation, la décision est prise de replier tous les matériels et les personnels par mesure de sécurité.
Mais un autre plan est déjà échafaudé. Cette fois-ci, il s’agit de s’attaquer au câble Paris-Strasbourg prolongé par Appenweier jusqu’à Berlin. Le nombre de circuits à dériver est quasiment doublé. Le 16 décembre, c’est chose faite.
Mais le 23 décembre, KELLER et l’opérateur d’écoute de service sont arrêtés, suite à une dénonciation faite aux services de police de Vichy qui ont transmis l’information à la Gestapo. Par la consultation des tableaux de service, les complices de KELLER sont rapidement identifiés et interpellés. Tous sont déportés. Un seul rentrera des camps de la mort. KELLER meurt du typhus à Bergen-Belsen quelques jours avant l’arrivée des troupes alliées.
Pour ceux qui veulent en savoir davantage, cliquer sur ce lien http://beaucoudray.free.fr/RPTT2.htm et se reporter au chapitre 5 en particulier.
Afin de pouvoir reconstituer les aspects techniques de la chaîne d’interception, l’association s’est rapprochée de l’association pour le musée et l’histoire des télécommunications d’Aquitaine (AMHITEL) et de la Collection d’Orange pour disposer de matériels d’époque ainsi que d’un responsable des lignes souterraines à grande distance, M. ARCANGELI, contributeur actif au musée des Transmissions à Cesson-Sévigné.
Ci-dessous la chaîne d’interception avec ses principaux composants.
- Chaîne d’interception reconstituée
Après plus de 10 mois de préparation, le tournage des scènes relatives aux aspects techniques se déroulera les 8, 9 et 10 mars prochains.