Association de la guerre électronique de l’armée de terre
Participation de l’AGEAT au festival d’histoire vivante à Belfort
2 août.
Durant le week-end du 20 et 21 juillet dernier, l’AGEAT a participé au festival d’histoire vivante à la citadelle de Belfort. La thématique de cette édition était "les femmes dans la victoire".
A cet effet, l’association a mis en place une exposition rendant hommage à trois femmes de l’ombre au destin exceptionnel, durant la période de 1938 à 1945.
La première, Madeleine RICHOU, a accepté de travailler pour le service de renseignement (SR) français dès octobre 1938 et devient la source "MAD". En se rendant à Berlin, elle reprend contact avec son compagnon qu’elle a connu à Vienne avant l’Anschluss de l’Autriche. Celui-ci, officier dans l’armée autrichienne, était affecté au service de renseignement. A l’issue de l’annexion de l’Autriche par le IIIe Reich, il est intégré au sein de l’Abwehr, service de renseignement allemand. Ils resteront en contact jusqu’en avril 1943. Durant toute cette période, il lui confiera de nombreux secrets sur les intentions de Hitler qui seront rapportées au SR français.
A la fin de la guerre, Madeleine sera décorée de la croix de chevalier de la Légion d’Honneur, de la croix de guerre 1939-1945 avec palme et de la médaille de la Résistance.
Cette tranche de vie de Madeleine RICHOU a été révélée dans un documentaire-fiction sous le titre de "MAD, une héroïne de l’ombre", auquel l’association a contribué pour tous les aspects relatifs aux transmissions. Ce documentaire a été projeté sur place à 3 reprises.
La seconde, Olga CZERCZORZINSKA, d’origine polonaise née en Alsace, est expulsée avec sa mère considérées par les autorités allemandes comme non assimilables au nazisme. Un long périple les amène à Alger. En janvier 1943, Olga s’engage dans le tout nouveau Corps Féminin des Transmissions (CFT) créé par le général MERLIN, d’où le surnom donné à ces jeunes femmes "les Merlinettes". Elle y reçoit une formation d’opératrice radio. Maîtrisant la langue allemande, elle est affectée au groupement des contrôles radioélectriques (GCR) d’Alger pour écouter les émissions allemandes. En juillet 1943, elle est affectée à la 808e compagnie d’écoutes et de radiogoniométrie, unité du Corps Expéditionnaire Français (CEF) qui se rassemble dans la région d’Oran avant d’être engagé en Italie. Olga débarque le 26 novembre 1943 à Naples. Le 8 décembre, la 808 quitte Naples et rejoint le front. Pour Olga, un périple de plusieurs mois commence à travers "la botte italienne". Début juillet 1944, le CEF est retiré du front et rejoint la région de Tarente au sud de l’Italie pour se reconditionner en vue du débarquement en Provence. Lors de celui-ci, sa conduite exemplaire face aux champs de mines maritimes et aux bombardements aériens par des Stuka lui vaudront la croix de guerre avec étoile de bronze. Elle suivra sa compagnie pendant toute la campagne de France et celle d’Allemagne où sa maîtrise de l’allemand la verra affectée dans un organisme logistique.
La troisième, Elisabeth TORLET, jeune femme originaire du Loiret, rejoint sa soeur aînée qui vit au Maroc en octobre 1942. A la suite du débarquement allié en Afrique du Nord et de l’envahissement de la zone libre, il lui est impossible de rejoindre la métropole. En Janvier 1943, elle s’engage dans le CFT et reçoit une formation d’opératrice radio. Volontaire pour servir à la Direction Générale des Services Secrets (DGSS) français, elle suit le parcours de formation d’agent secret. En août 1944, elle est désignée pour une mission au profit du Service de Renseignement Opérations de la 1re armée du général De LATTRE. Le 30 août elle est parachutée avec son équipe au sud de L’Isle-sur-le Doubs afin de recueillir des renseignements sur les forces allemandes dans la région de Belfort en vue de préparer la percée de la 1re armée dans la "trouée de Belfort" qui ouvre la route vers l’Alsace. La proximité de la ligne de front entre Besançon et Baume-les Dames attise la volonté des groupes de résistants d’en découdre. Le 5 septembre, lors d’une opération de ravitaillement en vivres et munitions au profit d’un de ces groupes, elle est capturée par les Allemands. Interrogée toute la nuit, elle ne parle pas de sa mission, de ses équipiers ni des résistants où elle était hébergée. Au matin elle est exécutée d’une balle dans la tête.
A la fin de la guerre, Elisabeth sera décorée à titre posthume de la croix de guerre avec palme, puis de la croix de chevalier de la Légion d’Honneur et sera promue au grade de sous-lieutenant.
En complément de cette dernière évocation, l’association a présenté les menaces qui pesaient sur les opérateurs radio clandestins de la résistance, dont beaucoup ont payé de leur vie leur engagement. Elle a également abordé les mesures prises dans le cadre du plan "Electre" pour contrecarrer les méthodes allemandes de localisations de ces émetteurs clandestins. Enfin, elle a commenté l’utilisation de balises radio de guidage pour les parachutages de troupes aéroportées, d’agents ou de matériels.
Plus de 600 visiteurs ont pu découvrir ce volet peu connu de la guerre de l’ombre.
DJM
Photos : Jean-Philippe ARONI et Patrick GRANDJEAN
- 1re partie de l’exposition
- 2e partie de l’exposition
- Des visiteurs nombreux et très intéressés
- salle de cinéma improvisée
- l’équipe d’animateurs de l’AGEAT