Association de la guerre électronique de l’armée de terre

La radiogoniométrie (4)
13 avril 2012.
2.6.3 - Appareils auxiliaires servant à l’exploitation radiogoniométrique.
L’alimentation des radiogoniomètres se fait soit directement par secteur alternatif, soit par groupes électrogènes, soit par batteries d’accumulateurs complétées par des groupes de charge ou des redresseurs.
L’organisation d’un réseau de radiogoniomètres implique l’existence de liaisons directes et permanentes entre l’organisme directeur et les différents appareils afin de permettre la transmission des alertes et le collationnement des résultats. Ces liaisons sont le plus souvent téléphoniques et empruntent des câbles souterrains à grande distance pour les réseaux radiogoniométriques fixes ou semi-fixes. Le seul problème qui se pose donc est de réaliser au départ et à l’arrivée la commutation nécessaire et d’amener le signal utile au niveau suffisant (en général le niveau de 1 mW dans 600 ohms).
Il faut que le dirigeur placé au centre directeur puisse appeler les stations et leur retransmettre la modulation de l’émetteur à relever en la commentant éventuellement. C’est pourquoi au centre d’écoutes d’où proviennent les missions radiogoniométriques, les récepteurs sont prévus avec une fiche de renvoi de modulation permettant à l’opérateur de transmettre au régulateur, puis au dirigeur la modulation de la station dont il demande le relèvement. Le dirigeur possède un microphone lui permettant d’être en liaison avec les stations. Ces différentes modulations peuvent, par l’intermédiaire d’un central de commutation analogue à un central téléphonique manuel, être dirigées vers tout ou partie des stations radiogoniométriques, au gré du dirigeur. Des amplificateurs de ligne au départ de chaque câble amènent la modulation au niveau voulu pour la transmission.
Dans chaque radiogoniomètre, la ligne arrive sur un amplificateur B.F. qui retransmet à l’opérateur, en général par haut-parleur, les indications du dirigeur. En sens inverse, le processus est identique : un microphone dans chaque station attaque par l’intermédiaire d’un amplificateur la ligne téléphonique vers le dirigeur qui reçoit (en général au casque) les réponses venant des différentes stations.
Pour faciliter l’utilisation de ces liaisons, les circuits sont le plus souvent des circuits à quatre fils. Les appareils, tableaux commutateurs, amplificateurs de ligne, etc., appartiennent à la technique téléphonique courante, aussi pour plus de détails se reportera-t-on au cours de téléphonie. On trouvera au paragraphe 7.5 des indications plus complètes sur les fonctions respectives de l’opérateur, du régulateur et du dirigeur, et par suite sur les caractéristiques nécessaires des appareils correspondants.
2.7- DESCRIPTION DE QUELQUES APPAREILS RADIOGONIOMETRIQUES.
2.7.0 - Caractéristiques générales.
Le tableau suivant indique, sous forme comparative, les caractéristiques essentielles de quelques radiogoniomètres.
référence | gamme (MHz) | aérien | lever de doute | indication | alimentation | temps de mise en station | remarques |
Société Française Radio-Electrique RG-1 | 1,35 à 17 | cadre monospire | oui | auditive et visuelle (milliampèremètre) | batteries et convertisseur | 1/4 d’heure | transportable |
Américain type du Signal Corps SCR-206 | 0,2 à 18 | cadre blindé à basse impédance | oui | auditive | batteries et convertisseur | 1/4 d’heure | transportable |
Américain type du Signal Corps SCR-255 | 0,55 à 30 | Adcock H tournant | non | auditive | batteries et vibreur | 8 heures | semi-fixe |
Américain type du Signal Corps SCR-555 | 18 à 65 | Adcock H tournant | oui | auditive ou visuelle (milliampèremètre) | batteries et convertisseur | 3 heures | semi-fixe |
société Le Matériel Téléphonique type RG0-14 | 2,8 à 15 | Adcock fixe 4 antennes | oui | auditive ou visuelle (oscilloscope) | secteur alternatif | installation fixe | |
Américain type du Signal Corps SCR-504 | 0,1 à 64 | cadre monospire | oui | auditive | piles | appareil portable pour radiogoniométrie d’approche |
Les paragraphes suivants précisent quelques-uns des éléments les plus importants de ces appareils. L’étude détaillée ou l’utilisation de ces matériels se fait en se reportant à leur notice technique.
2.7.1 - Radiogoniomètre à cadre RG-1.
C’est un appareil de campagne utilisé dans les stations mobiles sur ondes décamétriques, soit en station à terre soit à bord de véhicules. Il peut travailler sur ondes des types A1, A2, A3.
L’aérien est un cadre à basse impédance à une seule spire non blindée. Le dispositif de lever de doute et d’amélioration du zéro (compensateur) fonctionne à l’aide d’une petite antenne auxiliaire située dans l’axe du cadre (fig. 56).
Le récepteur est un superhétérodyne classique. En plus des organes de commande habituels, une manette permet le fonctionnement avec les combinaisons suivantes : (les schémas correspondants sont donnés sur la figure 57).
Position R — veille : le récepteur fonctionne uniquement sur l’antenne auxiliaire.
Position O — radiogoniométrie : le récepteur fonctionne avec le cadre comme aérien. Une tension auxiliaire fournie par l’antenne et appliquée sur le compensateur permet l’équilibrage et l’amélioration des extinctions.
Position LD — lever de doute : la tension de l’antenne auxiliaire appliquée à travers une résistance sur la grille du premier tube du récepteur donne à l’ensemble un diagramme de directivité en cardioïde permettant le lever de doute.
L’alimentation de l’appareil est assurée à partir de batteries. L’écoute se fait au casque. Un milliampèremètre indiquant le courant détecté permet une appréciation plus nette de l’extinction dans le cas d’une oncle porteuse stable.
L’échelle azimutale normalement solidaire du cadre mobile peut être débloquée pendant l’orientation et le réglage de l’appareil. Cet appareil et cadre, qui couvre la gamme 1,35 à 17 MHz, est susceptible de donner de bons relèvements sur onde directe, c’est-à-dire à faible distance. Son installation à un endroit donné doit, pour améliorer la précision, être suivie dès que possible par le tracé des courbes d’erreurs sur les principales fréquences de travail envisagées.
2.7.2 - Radiogoniomètre à cadre SCR-206.
Cet appareil couvre en 8 sous gammes la bande de 0,2 à 18 MHz. Ses caractéristiques et son fonctionnement sont analogues à ceux de l’ensemble précédent. La différence essentielle est l’utilisation, au lieu d’un cadre monospire, d’un cadre blindé à basse impédance (4 spires). L’appareil possède à peu près les mêmes propriétés que le RG-1 ; cependant il est nettement plus sensible, et plus robuste, mais plus lourd.
2.7.3 - Radiogoniomètre SCR-255 à ondes décamétriques.
C’est un appareil du type semi-fixe utilisant un aérien du type Adcock en H tournant. La longueur du bras horizontal est de 8 mètres, la longueur des doublets de 2,5 mètres. Il peut travailler sur les émissions des types A1, A2, A3 et F1.
L’aérien et le récepteur sont fixés au sommet d’une tour en bois de 5 mètres de haut. Les commandes du récepteur et du mécanisme de rotation de l’aérien sont ramenées jusqu’à l’opérateur, placé à la base de la tour, par l’intermédiaire de tiges ou tubes en bakélite de manière à réduire au minimum l’effet d’antenne : le récepteur, la batterie et l’aérien forment ainsi un ensemble complètement isolé électriquement au sommet de la tour. L’appréciation de l’extinction pour les relèvements se fait auditivement : un haut-parleur placé à côté du récepteur diffuse à l’intérieur de la tour qui forme pavillon.
La gamme (0,55 à 30 MHz) est couverte avec le même aérien, mais pour éviter une résonance se situant vers 11 MHz, il est prescrit, au voisinage de cette fréquence, de raccourcir la partie inférieure télescopique des doublets pour déplacer cette résonance.
L’aérien Adcock est couplé directement par l’intermédiaire de contacts tournants à l’entrée du récepteur. Les transformateurs d’entrée de chaque gamme sont munis d’un écran électrostatique éliminant entre primaire et secondaire tout couplage capacitif susceptible de créer un effet d’antenne nuisible. Ces circuits d’entrée, très simples, ne comportent pas de dispositif de lever de doute. Le récepteur est un superhétérodyne classique attaquant un haut-parleur.
Cet ensemble, de conception simple, reste utilisable dans les limites permises par son aérien. Il manque de sensibilité sur les fréquences basses et est sensible à l’effet d’antenne sur les fréquences élevées. Son utilisation normale est la gamme 3 à 20 MHz sur ondes arrivant sous faible incidence, c’est-à-dire correspondant à des émetteurs assez éloignés.
L’absence de tout conducteur électrique entre le bras horizontal et le sol est évidemment une condition essentielle du bon fonctionnement de l’appareil. Il ne faut pas essayer d’améliorer l’appareil par l’installation d’un casque relié au récepteur, ou d’un éclairage alimenté par la batterie, par exemple.
2.7.4 - Radiogoniomètre SCR-555 à ondes métriques.
Cet appareil est comme le précédent du type semi-fixe.
L’aérien est un Adcock en H tournant (longueur du bras horizontal : 2,5 mètres - longueur d’un doublet : 3 mètres). Une antenne centrale sert au lever de doute. L’arbre vertical supportant l’aérien est fixé rigidement au récepteur et c’est l’ensemble opérateur, récepteur et aérien qui tourne, l’opérateur et le récepteur étant protégés par une cabane légère.
L’appréciation de l’extinction peut se faire auditivement comme sur tout radiogoniomètre. Mais cet appareil étant surtout destiné au relèvement d’émissions radiotéléphoniques où existe une onde porteuse continue, il est utilisé normalement comme radiogoniomètre du type à renversement de cardioïde. L’étude de ce procédé a été faite au paragraphe 2.3.4. Un voltmètre à zéro central donne une indication nulle lorsque l’aérien est orienté dans la direction de l’émetteur. Le lever de doute est obtenu automatiquement par l’examen du sens de déviation de l’aiguille du voltmètre par rapport au sens de rotation de l’aérien lorsqu’on balance celui-ci légèrement de part et d’autre de la position de relèvement.
2.7.5 - Radiogoniomètre RGO-14.
Ce radiogoniomètre de station fixe est à fonctionnement manuel ou automatique. Il comporte un système de quatre aériens fixes du type Adcock dont la liaison avec les lignes de transmission s’effectue par transformateurs. La gamme de 2,5 à 15 MHz est couverte à l’aide de deux jeux de transformateurs et de câbles commutables par relais. La hauteur de chaque antenne est de 8 mètres et la diagonale du carré formé par elles est de 9 mètres.
Les deux plans d’antennes sont connectés aux bobines fixes d’un chercheur du type Bellini-Tosi dont le rotor est connecté aux circuits d’entrée d’un récepteur. L’appareil comporte un dispositif de lever de doute qui ne sera pas détaillé ici.
En fonctionnement manuel, le rotor est balancé à la main, l’appréciation de l’extinction se fait à l’oreille et l’azimut est lu sur un cercle gradué solidaire du rotor. La figure 63 schématise ce mode de fonctionnement. C’est l’exemple le plus simple possible de radiogoniomètre Adcock.
En fonctionnement automatique, le rotor du chercheur est entraîné par un moteur et tourne, à vitesse constante (25 t/s) en synchronisme avec un outre chercheur, dit "chercheur inversé" constituant la partie essentielle d’un générateur de courants diphasés. Ce générateur fournit deux tensions sinusoïdales déphasées qui appliquées aux deux paires de plaques d’un tube cathodique produisent un champ tournant dont la phase sert de référence.
Le spot décrit normalement un cercle en l’absence d’émission reçue par le récepteur.
Le courant de sortie du récepteur est modulé par la rotation du chercheur et sert à moduler les tensions diphasées appliquées au tube. Il en résulte sur l’écran du tube cathodique une figure en 8 dont les pointes correspondent aux extinctions du signal reçu. La direction de ces pointes permet de mesurer l’angle formé par la direction de la station relevée avec une origine choisie. Ce mode de fonctionnement est schématisé figure 65. On voit que le récepteur en service en fonctionnement manuel reste branché : il permet le contrôle permanent de l’émission reçue.
Le générateur de courant diphasé est constitué essentiellement par un oscillateur à 135 kHz qui excite en permanence la bobine mobile du chercheur inversé : les deux bobines fixes fournissent alors deux tensions à 135 kHz dont les enveloppes de modulation (25 Hz) sont déphasées de 90°. A la sortie du générateur, on obtient, après détection, deux tensions de fréquence 25 Hz, déphasées de 90 degrés, dont l’amplitude est fonction de la tension de sortie instantanée du récepteur ; ces tensions servent après amplification à assurer le balayage circulaire du tube cathodique.
Sur la figure sont schématisées la nature et la forme des courants aux divers points des circuits.
Le passage d’un mode de fonctionnement à l’autre est instantané. L’avantage du relèvement sur tube cathodique est de pouvoir être effectué sur émission même très brève, à condition bien entendu que le récepteur soit réglé sur cette fréquence.
Par contre, le relevé auditif est seul utilisable en cas de brouillage ou de parasites intenses : l’oreille de l’opérateur joue un rôle sélectif irremplaçable.
La figure 66 représente quelques diagrammes relevés dans divers cas de réception : on voit qu’un signal faible avec bruit de fond arrivant sous une incidence moyenne donne un diagramme aussi difficilement interprétable qu’une extinction à l’oreille avec large plage.
2.7.6 - Radiogoniomètre en valise type SCR-504.
C’est un appareil portable (12 kg en ordre de marche) utilisé en radiogoniométrie d’approche, principalement pour rechercher les clandestins. L’opérateur portant l’appareil à la main, se laisse guider dans la direction de l’émetteur. Pour cette raison, aucune échelle azimutale n’est prévue, mais par contre le dispositif de lever de doute est indispensable.
L’appareil se présente sous forme d’une valise en cuir contenant le récepteur, le cadre et les batteries d’alimentation. Les organes principaux de réglage (accord, gamme, etc.) ne sont accessibles que la valise ouverte. Mais en position de travail, l’opérateur trouve sur une plaquette à portée de sa main, sous la poignée de transport, les commandes dont il a besoin une fois le récepteur réglé sur la fréquence de l’émetteur à relever : c’est-à-dire l’interrupteur général, la commande de gain et un bouton poussoir commandant le lever de doute. Le cordon d’un casque miniature vient se raccorder également sur cette plaquette.
Le signal reçu est fort lorsque la valise est orientée dans la direction de l’émetteur, faible lorsqu’elle est perpendiculaire et très faible lorsque l’extrémité de la valise portant l’antenne est orientée en sens inverse de la direction de la station émettrice (diagramme cardioïde).
La figure 67 donne une vue de l’appareil ouvert ainsi que le détail de la plaquette de commande.
Cet appareil, peu sensible et d’une utilisation assez restreinte est universel car il couvre une très grande gamme de fréquence (0,1 à 64 MHz). Il ne peut être utilisé que pour terminer une localisation déjà dégrossie par un réseau fixe lorsque l’émetteur clandestin se trouve dans une zone occupée par les armées amies.
2.7.7 - Hétérodyne BC-978.
C’est une hétérodyne simplifiée utilisable avec un radiogoniomètre de campagne (RG-1 ou SCR-255). Très légère, elle a pour antenne un brin de 1 mètre.
Elle couvre en 4 sous-gammes la bande de 2 à 20 MHz.
Alimentée par piles intérieures, elle comporte deux tubes à chauffage direct dont l’un est un auto-oscillateur et l’autre un modulateur à 400 Hz. Le schéma simplifié ne comporte pas les commutations, mais montre que l’antenne est couplée directement au circuit oscillant. Par suite, l’énergie rayonnée est faible et toute action extérieure (approche d’un opérateur, déplacement de l’appareil...) entraîne une très forte dérive (fig. 69).
2.8 - PROBLEMES GENERAUX D’IMPLANTATION D’UNE STATION RADIOGONIOMETRIOUE.
Il s’agit uniquement dans ce paragraphe des conditions locales rapprochées : la détermination de la région à l’intérieur de laquelle doit être recherché un emplacement convenable sera traitée au paragraphe 7.2.
L’emplacement possible d’un radiogoniomètre est à rechercher dans une zone de quelques centaines de km2 dans le cas d’un réseau fixe, de quelques dizaines de km2 dans le cas d’un réseau mobile. L’emplacement exact sera déterminé à l’intérieur de cette zone par des conditions locales ; celles-ci varient suivant la gamme de fréquences. Voyons d’abord le cas le plus important et le plus délicat.
2.8.1 - Cas des ondes décamétriques.
Le bon fonctionnement d’un radiogoniomètre exige que les ondes qui lui parviennent soient analogues à celles se propageant au contact d’un plan parfaitement conducteur, c’est-à-dire qu’elles ne soient pas perturbées par des obstacles voisins. Le sol jouant un grand rôle dans la plupart des systèmes aériens, il importe qu’il soit plan, homogène et si possible d’une bonne conductibilité électrique.
On trouvera au paragraphe 4.4.2.2 quelques indications sur l’effet des irrégularités de conductibilité du sol en fonction de la fréquence.
On choisit de préférence les plaines alluvionnaires à cultures riches ou à pâturages permanents (hiver et été) ou à défaut, les plateaux assez étendus présentant le même caractère. L’altitude moyenne de la zone doit être assez constante. En tous cas, la pente générale sur plusieurs kilomètres ne doit pas dépasser 2°, soit 35 mètres pour 1000 mètres.
Si l’horizon est borné par une chaîne de montage, celle-ci ne doit pas être vue sous un angle supérieur à 5° soit 900 m à 10 km.
A défaut d’une bonne connaissance personnelle de la région, la première étude concernant le relief des zones doit être faite sur les cartes récentes de l’Institut Géographique National (carte au 1/50000 ou plans directeurs au 1/10000 ou 1/20000) ou sur toute autre carte disponible.
La connaissance de l’histoire géologique du pays et la consultation des cartes géologiques peuvent donner des indications utiles sur la conductibilité des couches de terrain, leur régularité et leur horizontalité sur une profondeur de quelques dizaines de mètres.
La figure 70, montre comment un radiogoniomètre peut être déséquilibré par l’irrégularité des couches géologiques, irrégularité qui peut ne pas apparaître à la surface du sol.
Les conditions purement locales sur la possibilité d’utilisation d’un terrain sont déterminées par les distances minima aux obstacles, données par le tableau suivant.
Dans ce tableau, pour chaque obstacle sont données deux limites de distance ou d’angle de site. La limite la plus sévère (à gauche) correspond à un très bon emplacement, que l’on doit rechercher pour une station permanente, et correspondant à une erreur locale de l’ordre du degré. La limite la moins sévère (à droite) correspond à peu près à l’emplacement de valeur minimum acceptable pour une station mobile ; l’erreur locale peut y être de l’ordre de 5 degrés.
Distance de sécurité aux obstacles pour la radiogoniométrie à ondes décamétriques (2 à 25 MHz)
OBSTACLES | DISTANCE MINIMUM OU ANGLE DE SITE MAXIMUM A PARTIR DU RADIOGONIOMETRE | OBSERVATIONS |
1) Relief | ||
---|---|---|
inclinaison générale du terrain | 1/2 degré 2 degrés | |
montagnes : angle de site maximum | 2 degrés 5 degrés | |
2) Etendue et cours d’eau | ||
mer ou lagune isolée | 1 km 0 | les effets de la mer ne sont importants que pour les fréquences basses (cf par. 3.3) |
rivière importante ou étang (eau douce) | 500 m 0 | les erreurs sont causées par la coupure du terrain, les digues, les bordures d’arbres plus que par la présence de l’eau |
petite rivière | 200 m 0 | |
ruisseau | 100 m 0 | |
3) ligne électrique | les distances sont imposées surtout par les parasites | |
haute tension (30 m de haut et plus) | 2 km 500 m | l’état des lignes est à vérifier à l’aide d’écoutes préalables par temps humide |
haute tension (20 m de haut maximum) | 1 km 300 m | |
basse tension et ligne téléphonique aérienne | 300 m 50 m | |
4) construction métallique | ||
toute construction métallique, angle de site max. | 1 degré 3 degrés | |
très importante (gazomètre, grand pont, hangar d’aviation) | 1,5 km 500 m | |
moyenne (hangar) | 800 m 250 m | |
petite (grange, toit à structure métallique) | 300 m 100 m | |
clôture (treillage, barbelé...) | 100 m 50 m | effet à vérifier par des mesures : s’il y a lieu, prévoir une mise à la terre tous les 10 m ou moins |
5) voie de communication | ||
voie ferrée non électrifiée | 400 m 100 m | |
voie ferrée électrifiée | 1 km 300 m | distances imposées surtout par les parasites |
route en béton armé ou ordinaire | 300 m 100 m | |
6) végétation | ||
bois | 800 m 100 m | |
petit bouquet d’arbres | 200 m 50 m | |
arbre isolé moyen | 100 m 20 m | |
haie | négligeable | sous réserve que les haies ne comportent pas de soutien métallique (piquets, fils...) |
7) bâtiment | ||
non métallique : angle de site maximum | 2 degrés 5 degrés | |
non métallique : 3 étages et plus | 800 m 300 m | |
2 et 3 étages | 600 m 200 m | |
1 étage en groupe | 300 m 100 m | |
1 étage isolé ne comprenant aucune masse métallique notable (toit, gouttière, eau, gaz, électricité, machine) | 100 m 50 m | |
8) station radioélectrique | ||
antenne d’émission de petite station (hors gamme) | 500 m 300 m | |
antenne de réception (petite) | 200 m 100 m | |
radiogoniomètre à ondes hectométriques | 400 m 200 m | chaque cas de proximité de station importante doit être examiné spécialement |
De plus les radiogoniomètres doivent être reliés entre eux, au réseau téléphonique et au secteur électrique (ou à une centrale autonome à groupes électrogènes). Les dernières centaines de mètres de ces liaisons, seront évidemment réalisées en câbles enterrés d’après les indications du paragraphe 3 du tableau.
La station radiogoniométrique elle-même doit comporter le moins de matériel possible, en particulier le minimum de masses métalliques. En dehors du radiogoniomètre proprement dit installé éventuellement dans une baraque en bois ou sous une tente, on ne doit y placer que la liaison téléphonique locale et le dispositif de renvoi de modulation. On doit reporter à une certaine distance (quelques centaines de mètres) les groupes électrogènes, le logement des opérateurs, la station radioélectrique si les liaisons internes du réseau sont assurées par ce moyen.
Toute masse métallique importante à proximité du radiogoniomètre est à prohiber formellement (véhicule en stationnement, etc.). Le chemin d’accès devra être interdit aux véhicules, même aux bicyclettes ; un garage sera aménagé à 100 ou 200 m.
L’installation du radiogoniomètre comprend, une fois l’emplacement déterminé :
- L’orientation exacte (détermination de la direction du Nord géographique).
- Le piquetage du terrain (emplacement des aériens, de la baraque, des emplacements de l’hétérodyne pour les courbes de correction, etc.) : toutes les dimensions dépendent du type d’appareil utilisé.
- Le montage mécanique de l’appareil.
- La pose et le raccordement des câbles de liaison (secteur et téléphone).
- L’équilibrage et le réglage de l’appareil.
- Le tracé des courbes d’erreurs aux différentes fréquences.
Suivant le type d’appareil utilisé, ces opérations sont de durées très variables : de quelques heures pour un radiogoniomètre à cadre mobile, à plusieurs jours ou même plusieurs semaines pour un appareil Adcock fixe de grandes dimensions à relèvement visuel.
Les notices techniques des différents matériels donnent en général toutes indications utiles sur les procédés et les méthodes à utiliser dans chaque cas particulier.
Le cas des ondes décamétriques que l’on vient de voir est de beaucoup le plus complexe. Les conditions sont moins strictes dans le cas des ondes hectométriques et métriques du fait des modes de propagation différents de ces types d’ondes et, en particulier, de la faible valeur du champ électrique horizontal, responsable de l’erreur de polarisation.
2.8.2 - Cas des ondes hectométriques.
Les conditions générales sur la planéité du sol aux environs du radiogoniomètre restent les mêmes que dans le cas précédent. Mais du fait de la grandeur de la longueur d’onde, les obstacles risquant de créer des réflexions parasites par résonance, sont de beaucoup plus grandes dimensions. Par suite, l’effet des constructions métalliques de moyenne importance et des bâtiments est moins sensible.
2.8.3 - Cas des ondes métriques.
Du fait de la faible longueur d’onde, les conditions sont beaucoup moins strictes à toutes distances. En particulier seules sont à prohiber les masses métalliques très voisines ; cependant il faut prendre garde à celles qui peuvent entrer en résonance.
De plus, l’aérien radiogoniométrique étant en général un H tournant se trouve par construction surélevé au-dessus du sol et même dans certains cas placé au sommet d’une tour. L’aérien est ainsi soustrait aux obstacles voisins proches du sol.
L’implantation au sommet d’une colline donne des résultats analogues à ceux obtenus en plaine.
2.8.4 - Cas de la radiogoniométrie de campagne.
Les conditions les plus strictes qui viennent d’être énoncées correspondent à l’implantation d’un radiogoniomètre fixe pour lequel des travaux assez importants sont nécessaires et qu’il importe de placer dans les meilleures conditions.
Dans le cas d’appareillages semi-fixes ou mobiles, il est rarement possible de trouver rapidement un emplacement réunissant toutes ces conditions. Il importe néanmoins de s’en rapprocher le plus possible, en se rappelant bien que tout obstacle ou toute discontinuité de terrain peuvent causer des erreurs graves dans les relèvements, erreurs difficilement compensables, même en traçant la courbe de correction à l’hétérodyne. En effet, on a vu que ces courbes ne tenaient compte que des causes d’erreurs locales très rapprochées mais qu’il était impossible ainsi de compenser ce qui se passait à plus de quelques longueurs d’ondes du radiogoniomètre.
Les conditions générales à grande distance (zone plane, montagnes éloignées) définies pour l’implantation d’un radiogoniomètre fixe au paragraphe 2.8.1 sont valables ici pour toute la zone où se trouve implanté un réseau mobile à ondes décamétriques. Si un tel réseau fonctionne correctement en zone de plaine, il est illusoire de vouloir essayer d’en tirer des résultats valables, s’il est implanté en zone montagneuse ou même simplement en zone de plateaux coupés de vallées profondes.
